| Éditorial
Pour cette nouvelle parution printanière, La Grande Oreille vous a concocté un numéro d’enfer ! Vous allez y retrouver le diable en personne, presque en chair et en os ! Au fil des siècles, le diable est devenu une sorte de réceptacle commode, amusant ou terrifiant, de toutes les superstitions ; un outil pratique pour tour à tour éduquer, mettre en garde, punir, effrayer, divertir ou instruire. On l’a ainsi mêlé à tous les actes, profanes ou sacrés, de la vie individuelle ou collective. Il était donc inévitable que les contes et les légendes, voire les rumeurs, s’en emparent, créant de fait une littérature diabolique. C’est du diable né de ces traditions, donc d’un diable éminemment populaire, que nous avons cherché à rendre compte aujourd’hui. Autant dire qu’on ne croisera ici aucun diable théologique, pas plus d’ailleurs que le diable des anciens sabbats ou du satanisme contemporain. Curieux choix, direz-vous. Le diable n’a-t-il pas disparu de notre horizon cartésien ? Mais en êtes-vous si sûr ? Ne continuons-nous pas de traiter certaines personnes de diable quand elles nous paraissent particulièrement odieuses, voire dangereuses (le diable demeurant toujours l’Autre ou l’Ennemi qu’il faut stigmatiser) ? Et si, au contraire, le XXIe siècle avait retrouvé le diable médiéval, ce Malin pas si malin que ça, presqu’humain, facile à influencer, à berner, à manipuler, bref, à rouler dans la farine ? Il n’est guère surprenant que le diable apporte du plaisir (sinon comment nous tenterait-il ?), mais il est plus rare qu’il fasse notre bonheur. Espérons qu’entre les pages de La Grande Oreille ce sulfureux personnage vous apporte l’un et l’autre ! Nous tenons à remercier tout particulièrement Marie-Charlotte Delmas qui a coordonné ce diabolique numéro, ainsi que Corinne et Claude Lecouteux qui nous ont donné des textes inédits, traduits par leur soin.
| Les premières pages de la revue
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