Interview

MERLIN, LA LÉGENDE MUSICALE

Propos recueillis le 9 juin 2021 (Folies Bergère)

Il est 16 heures lorsque nous nous installons dans la salle parisienne des Folies Bergère, pour assister aux demières répétitions du tant attendu Merlin – La légende musicale.

Sur la scène, décors enchanteurs et enchantés, comédiens en costume, et surtout une belle Table ronde. Sous les regards attentifs de l’auteure et metteuse en scène Marie-Jo Zarb, et du producteur Alexis Loizon, chacun donne vie aux personnages mythiques du cycle arthurien: on retrouve le roi Arthur, la reine Guenièvre, les chevaliers de Camelot et surtout… l’inénarrable Mellin. Entre deux scènes, Arnaud Léonard, qui incarne le légendaire druide, répond aux questions de La Grande Oreille. Cheveux longs, barbe fournie, costume sylvestre fait de peaux de bêtes, magicien, le comédien nous donne un aperçu de sa version du célèbre druide.

La Grande Oreille : Pouvez-vous situer l’action du spectacle dans le temps ? À quel moment de sa vie découvre-t-on Merlin ?

Arnaud Léonard : Au début du spectacle, Merlin a à peu près 900 ans, c’est le fils d’un démon et d’une pucelle… On est au début de la quête du Graal, qui marque la fin du cycle de Merlin, puisque c’est le cycle arthurien qui va commencer, etc… Il y a Camelot, les chevaliers de la Table Ronde. Historiquement, on est vers l’an 600.

LGO : Qu’est-ce que cela fait d’incarner ce personnage légendaire ?

A.L. : C’est impressionnant ! A la fois très rassurant, parce qu’il y a des tas de choses qu’on doit faire et d’autres qu’on ne peut absolument pas faire, et donc ça précise beaucoup les choses, et en même temps il y a une nécessité de recherche de nouveauté, parce que ça a été tellement fait, tellement raconté, que si c’est pour ne pas apporter une petite pierre à l’édifice, sans non plus trahir ce qui a été écrit dessus… Il y a une prudence à avoir et en même temps une audace nécessaire.

LGO : Merlin est prophète, magicien, savant, à la fois vieillard et sans åge, fou ou très sage… Quelle est la particularité de votre Merlin, quel est l’apport de cette adaptation de 2021 ?

A.L. : Quand on prétend qu’une personne a vécu environ 900 ans dans une forêt, eh bien elle ne peut pas être tirée à quatre épingles ! Merlin, c’est un homme des bois, c’est un hippie [il montre son costume]. Il ne supporte pas beaucoup la compagnie des hommes, ce n’est pas évident. C’est à la fois un ermite, un enchanteur, un mage, mais c’est surtout un druide. Et c’est là que l’on sent à la fois la chape de plomb et l’élévation possible du mythe celte, à travers l’image du druide. Le druidisme, c’est la nuit des temps, on est au-delà de la légende. Je crois que le druidisme doit précéder la légende quelque part, et on restitue ça dans quelque chose de beaucoup plus large.

LGO : Votre Merlin assume complètement ses origines païennes donc…

A.L. : Ah oui ! Merlin ne dit jamais c’est un parti pris, en accord avec la metteuse en scène Marie-Jo Zarb – « le Saint Graal. Il dit le Graal ». C’est la terre, les cieux, les dieux, le polythéisme. Merlin, le Dieu unique, il ne sait pas ce que c’est. Pour lui c’est un tout, une création, et comme il fait partie de ce monde-là, par son père qui est un daimon, forcément on ne va pas commencer à venir l’ennuyer avec des histoires de Dieu unique, ça n’aurait pas de sens par rapport à sa puissance, et ce dont il a déjà été témoin.

LGO : Ça a été un défi pour vous d’incarner ce personnage dans ce contexte si particulier ?

[Ndlr : La production de départ ayant mis la clé sous la porte au moment de la cnse sanitaire, Alexis Loizon et sa société Narya Production, avec Bruno Amic et Patrick Raoux, ont repris le projet pour que celui-ci puisse voir le jour. Après une première date prévue en février et de nombreux reports liés au maintien de la fermeture des sales, Merlin – La légende musicale a été proposée au public pour la première fois le 19 juin 2021.]

A.L. : Les choses sont venues au fur et à mesure. On y est allé très prudemment, d’autant plus prudemment qu’effectivement il y avait pas mal d’interdictions, et le défi, finalement, s’est retrouvé à l’inverse de ce qu’on pouvait attendre. L’envie était là, mais il a fallu, quelque part, lutter contre le défaitisme, contre l’incertitude dans laquelle on était. Et finalement on se retrouve là aujourd’hui, et on peut jouer, on est prêt.

LGO : Si vous deviez décrire votre personnage en trois mots, ce seraient lesquels ?

A.L. : Dragon, c’est sûr. Lumière… et Magie.

La légende arthurienne se renouvelle en 2021! Sous la plume de Marie-Jo Zarb, de nouveaux personnages naissent, permettant à l’autrice de s’approprier la matière en liant à l’intrigue des thématiques et des enjeux à la fois intemporels et très actuels. En témoigne la création du personnage d’Azénor, apprentie sorcière qui rêve de rejoindre la Table ronde, incarnée par la comédienne Natalia Pujszo que La Grande Oreille a également rencontré.

LGO : Vous incarnez le personnage d’Azénor, un personnage inédit…

Natalia Pujszo : Créée par l’auteure du spectacle, Marie-Jo Zarb, c’est une apprentie sorcière qui fait de la magie auprès de Merlin. C’est une des meilleures amies d’enfance d’Arthur, elle l’accompagne tout au long de l’histoire, et son rêve à elle, c’est de devenir chevalière. C’est une fille déterminée, forte, qui a de la hargne, qui ne va pas se laisser démonter par les gens qui vont lui dire que ce n’est pas possible.

LGO : Ce spectacle c’est une comédie musicale, il faut jouer, danser, chanter, se battre à l’épée… C’est un défi ?

N.P. : Il faut être pluridisciplinaire [rires] ! Entre le chant, la danse, le théâtre, les combats à l’épée, la magie, il y a beaucoup de choses à gérer en même temps et ce n’est pas facile, mais c’est notre métier, donc on essaie de faire tout au mieux !

LGO : Azénor évolue dans un monde de personnages féminins forts : Guenièvre, Morgane, Viviane… C’est agréable en 2021 de pouvoir incarner ce genre de personnages ?

N.P. : Tout à fait ! On est que quatre [comédiennes], on est en infériorité numérique, mais ces personnages féminins sont très bien développés, ce sont vraiment des femmes fortes, et jouer ce genre de rôle ça fait plaisir. J’ai des combats à l’épée, fais de la magie… J’incarne un personnage qui évolue tout au long du spectacle et c’est vraiment un régal.

LGO : La personnalité d’Azénor la différencie-t-elle des autres femmes du cycle arthurien qui sont souvent des personnages ambivalents, voire négatifs ? Guenièvre l’épouse infidèle, Viviane la traîtresse, Morgane la mauvaise fée…?

N.P. : Oui, même si tous les personnages ne sont pas blancs ou noirs. Ils ont été travaillés d’une façon plus complexe, aucun n’est juste « la méchante » ou « la traîtresse ». Azénor. c’est la jeune fille un peu naïve, un peu maladroite au départ, qui est une apprentie sorcière, qui ne réussit pas forcément tous ses tours, et qui, au fur et à mesure de l’histoire, va prendre confiance en elle, va s’imposer, va gagner en détermination, en courage, en prestance, en présence…

LGO : Si vous deviez décrire Azénor en trois mots, ce seraient lesquels ?

N.P. : Je dirais déterminée, forte… Et j’aimerais bien dire curieuse aussi

Rendez-vous aux Folies Bergère du 19 juin au 4 juillet, puis du 25 octobre au 30 décembre, pour découvrir ce qui attend l’enchanteur, l’apprentie chevalière et les héros du cycle arthurien.

Producteur : Alexis Loizon, Patrick Raoux, Bruno Amic (Narya Productions) ; Auteur et metteur en scène Marie-Jo ZARB Direction d’acteurs Patrick MAZET Compositeur : Erik SITBON ; Arrangements : Yoann LAUNAY ; Chorégraphie : Anthony DESPRAS ; Costumes : Jackie TADEONIE assistée de Margot DEON ; Scénographie : Eric KLATT ; Lumières et effets spéciaux Sébastien LANOUE Coiffures et maquillages Caroline BITU et Julie HUGHES. Avec Arnaud Léonard, Bastien Jacquemart, Camille Mesnard, Natalia Pujszo, Mathilde Libbrecht, Clémence Bouvier, Nicolas Kaplyn, Jean-Luc Baron, Eloi Horry, Fabrice Todaro, Vincent Renaudet, et Michael Roupie.

Propos recueillis par Laura Doulet

Crédit photo : Stefan Mucchielli



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